Des maisons et un arbre : le titre du tableau nous indique que nous regardons un paysage, mais le peintre nous montre d’abord des volumes géométriques. Les fenêtres et les portes des maisons, les feuilles de l’arbre sont des détails superflus abandonnés pour ne laisser que la structure essentielle. Les lignes horizontales et verticales dominent la composition, contrariées seulement par la courbe de l’arbre. Les nuances de couleurs utilisées sont aussi réduites au minimum : des jaunes et des ocres pour les bâtiments, du vert pour la végétation et le gris du tronc d’arbre. Cette palette rappelle les toiles de Paul Cézanne, qui influence fortement Georges Braque au moment où il peint ce tableau : pendant l’été 1908, Braque séjourne près de Marseille, à l’Estaque, où Cézanne a aussi travaillé.

Cette œuvre fait partie des premières toiles cubistes de Braque. Le terme « cubiste » n’est pas choisi par le peintre lui-même. C’est plutôt un commentaire ironique : c’est Henri Matisse qui, le premier, qualifie de « cubiste » un tableau très proche de celui-ci. L’expression devient à la mode dans les salons de peinture pour dénigrer les tableaux de Braque et de son ami Pablo Picasso. Ces deux peintres travaillent ensemble jusqu’à la déclaration de guerre en 1914. Ils continuent de découper le réel en formes géométriques de plus en plus difficiles à identifier, puis ils inventent de nouvelles techniques : ils introduisent du sable ou de la peinture industrielle dans leurs tableaux et réalisent des collages avec des morceaux de papier journal ou de papier peint.

Des œuvres comme *Maisons et arbre* n’étaient visibles que de quelques amateurs qui visitaient les galeries d’avant-garde. Le collectionneur Roger Dutilleul en faisait partie et ce tableau est l’un des premiers à être entrés dans sa collection.