Durant la deuxième moitié du 20e siècle, les affiches envahissent l’espace urbain qu’elles soient de nature publicitaire, politique ou protestataire. Des artistes se saisissent de cette matière première et se voient désignés sous le nom d’affichistes.

À la fois poète lettriste et artiste, François Dufrêne rencontre en 1954 les affichistes Raymond Hains et Jacques Villeglé. Contrairement à eux, François Dufrêne travaille le revers des affiches arrachées. Il ne s’intéresse pas aux affiches lacérées par des passants anonymes, il préfère gratter lui-même le revers pour mettre en valeur telle ou telle strate de l’affiche. Se révèlent alors en négatif des formes et une composition qu’il décide de retenir ; ici, l’inscription fortuitement découverte au verso de l’œuvre lui suggère son titre. François Dufrêne classe ses dessous d’affiches en trois familles : les informels (presque abstraits), les lettristes (avec des lettres imprimées), les pop (présentant des images).

Les affichistes sont très proches du mouvement des Nouveaux réalistes qui se structure en 1960 autour de Pierre Restany qui définit leur art comme un « recyclage poétique du réel urbain, industriel, publicitaire ». Les rebus, déchets ou la moindre bribe du quotidien sont valorisés dans un souci de ne perdre aucune mémoire, réaction de survie face au traumatisme de la seconde guerre mondiale. Au travers de l’*Opéra d’Aran*, Dufrêne rend lisible une page du journal de la ville et pointe la fragilité de cette histoire commune.